mardi 11 septembre 2012

La revue hebdomadaire : réclames pour le dentifrice Dentol, 1915

Bonjour,

Oh que j'aimerais tant être celui-là qui ne regarde jamais les statistiques de visites de son blog. Il doit bien exister, celui-là, ne serait-ce que parce qu'il ne sait pas que l'on peut avoir accès à celles-ci.
Oh oui j'aimerais tant être cet ignorant, ce bétassou au regard si doux, dont la naïveté n'a jamais été troublée par l'idée d'aller constater ce que lisent ses lecteurs sur son blog.
Ou bien cet autre, cette personnalité forte qui sait où elle veut aller, et qui y va sans avoir besoin de savoir si ce qu'elle dit ou fait peut plaire ou déplaire à quelques-uns. Oh, celui là j'aimerais bien l'être aussi, oui.

Oui mais voilà, je ne suis ni celui-là, ni cet autre.
Je suis faible, j'ai besoin de savoir que je suis aimé, et je n'ai aucune volonté. En plus je sais comment accéder aux statistiques de visites de mon blog.

Je sais donc dorénavant, ce que vous voulez. Je connais vos envies les plus inavouables et vous savez bien à quel point elles le sont... Oui toi là bas, derrière ton écran, je vois en toi comme dans un char d'assaut éventré par un obus... Je sais exactement ce que tu veux voir, je connais ton penchant indigne... C'que tu kiffes j'le connais.

Et quand on sait ce qui motive ses lecteurs à venir sur son blog, on n'a que deux solutions :

- Soit on arrête tout  : allez, halte à la mascarade, je ne suis pas de ceux là, si c'est là ce que vous recherchez ici, et bien cherchez le, mais ailleurs, moi je me retire définitivement du monde de l'Internet et zoupeulà !

- Soit on capitule : on se bouche le nez et on y va. On met sa conscience dans sa poche trouée et on saute plusieurs fois sur place pour être sûr qu'elle est bien tombée par terre... Bref, on vend son cul !
Devinez quelle solution j'ai choisie ? Un indice pour les moins bien comprenant d'entre nous : je suis encore là sur Internet à poster ce message.

Aujourd'hui, donc, je vais faire ce que 97,4 % de mon lectorat vient me voir faire ici : je vais vous montrer de la PUBLICITÉ. Et je vais m'en moquer devant tout le monde. Et je vais traîner dans la boue des publicitaires, sans doute morts depuis 50 ans, et puis aussi faire pleurer de honte leurs enfant et petits-enfants.
Je ne sais pas si c'est le ras le bol de la série Mad Men et de ses pubards alcooliques et futurs cancéreux, ou bien un penchant sadique à voir des idiots congénitaux se faire huer, en tout cas vous avez plébiscité et loin, très loin devant tout autre message, les deux messages où je parle de réclame ici et .

Parce que vous le voulez bien, voici donc une série de réclame pour le dentifrice Dentol en 1915.
Le contexte est important, car cette année là, en 1915, figurez-vous que Coco Chanel ouvre sa troisième boutique à Biarritz et cette boutique est véritablement sa première maison de couture.
Ah oui et puis c'est la guerre aussi.

Bon la guerre, les morts, tout ça, à première vue on se dit que c'est pas très séqueussi pour vendre du dentifrice. Et bien, et c'est à ça qu'on les reconnaît paraît-il, chez Dentol ils ont osé le faire.

Ah oui, au fait, ça a son importance : c'est censé être hilarant, parce qu'on se fiche de la tronche des schleus, des frisés, des fridolins, qui sont un peu lourdauds (à base de Achtung, Kartofeln, Kaput, etc.).

Bon voilà quoi :

En même temps, le casque à pointe ! Les gars ! Faut pas vous étonner qu'on se fiche un peu de votre figure
Source : gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Ces publicités se présentent toutes de la même manière sur une page entière :

1. Le laïus sur le produit qu'il est tellement bien qu'il tue les mauvais microbes et fait tout ce que font aujourd'hui aussi les dentifrices, à savoir tout le tintouin sur les caries, le bouboute avec les inflammations et le tartre, et tout ça sans l'aval de l'institut machinchouette pour la santé buccodentaire bidule. Et en plus on laisse entendre que Pasteur aurait pu le créer s'il n'avait pas eu autre chose à faire cette feignasse et on n'est pas loin de citer Marie Curie voire même Albert Einstein... Oupala pala, non pas Einstein, il est Allemand.

2. Puis sur le côté on a la bonne blague dessinée en une petite scénette drolatique se moquant de nos lourds ennemis qui n'ont pas accès au Dentol, ni à notre finesse d'esprit à nous autres Français, tellement ils sont nuls ces nuls, c'est bien simple ils sont Allemands, pensez donc. Et, ah oui au fait, on va gagner !


Ach zuteu de zuteu, Che me zuis fait mouché bar zeux te chez Tentol, Ch'enrache !
Source : gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
On se moque bien sûr de Guillaume II, qui, sauf quand il s'agit de publicité, me fait quand même un peu rire. Il faut que je vous avoue que le Kaiser reste un de mes personnages préférés de la première guerre mondiale. Il est même dans mon top cinq.


Ah nos p'tits gars sont tellement plus futés
Source : gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Vous avez compris le principe, se faire de la pub en utilisant la guerre comme gimmick. Cela resterait plutôt gentil et quelconque si on ne voyait pas en dessous de chaque publicité : "Le Dentol est un produit français".
Et puis surtout il y a cette dernière réclame qui ne sent pas très bon "le parfum le plus agréable" :


Un argumentaire sans faille : faites votre devoir de bon Français
Source : gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Edit du 13/09/2012 : J'ai retaillé à la baïonnette (pour rester dans le ton) l'image que j'avais mise au départ, parce qu'elle ne s'affichait pas bien. Je vous laisse retrouver l'original vous-même. J'vais pas vous mâcher tout le boulot non plus.
Le document sur Gallica

"Un des meilleurs est le Dentol", non mais vraiment, ils sont forts chez Dentol, ils se donnent même les moyens d'être modestes. Pourtant, ils n'ont pas à avoir honte, ce sont bien de vrais bons salopards de profiteurs de guerre.
Oui bon, ça va, je saiiiiis, ils ne vendent pas d'armes non plus, et ils ont tué personne... C'est juste qu'il m'ont chauffé avec leur "tout bon français nanani nananère", aussi.
Et puis ils ne savent même pas bien se moquer du Kaiser en plus.

J'espère que vous êtes contents, je me suis énervé tout seul. Ah non vraiment, on ne dira pas que je ne me mets pas en quatre pour mon lectorat.

Merci quand même et au revoir.

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