mardi 25 septembre 2012

Le Journal de la jeunesse. Nouveau recueil hebdomadaire illustré, 1912 : La balle de guerre allemande et la balle de guerre française

Bonjour,

Vous avez certainement des souvenirs emplis de tendresse de vos lectures de jeunesse. Je pense ici plus précisément aux illustrés et aux journaux et revues pour les enfants et adolescents, mais si vous savez les p'tits Mickeys ou alors les revues de vulgarisation scientifique.
Je me souviens avec délectation de l'Argonaute piqué à mon frère, plus pour les bédés que pour la science. Je me rappelle aussi des Super Picsou Géant que l'on achetait pour les longs voyages de vacance et de cette rubrique qui devait s'appeler un truc du genre "Le Saviez-vous-tu t'est-ce que ?", qui abordait tous types de sujets étonnants avec une prédilection pour les monstres de foire et les records du monde les plus fantasques. Et puis il y avait aussi l'inévitable Pif Gadget qui a dû inspirer bon nombre de futurs ingénieurs dans leur choix de spécialisation en Lancer de patate.

À l'évocation de ces quelques souvenirs, vous comprendrez bien que j'ai grandi dans les années 80 et que pour moi, dans un journal de la jeunesse (même si le titre me semble un peu désuet) je m'attends à trouver :
1. de la bédé ;
2. de la vulgarisation scientifique brève et amusante, mais brève surtout ;
3. de la bédé ;
4. du pistolet à patate ;
5. de la bédé ;
6. du texte trop long que je ne lirai pas, ou bien si je m'ennuie vraiment beaucoup mais alors vraiment beaucoup pendant les vacances à la découverte des châteaux de la Loire et si j'ai déjà lu au moins 15 fois les bédés...
7. que des trucs non violents et de mon âge, étant entendu que ben ouais ça reste un journal de la jeunesse quand même.

Bref, ce qui va suivre, ne semble correspondre à aucun de ces critères. Il s'agit réellement d'un extrait du Journal de la jeunesse de 1912 et c'est une autre époque.


Pourquoi la balle de guerre allemande a droit à un lettrage plus gros ? Je sens l'Anti-France derrière tout ça
Source : gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

Le titre déjà : on ne peut pas se tromper. Oui oui, c'est bien d'armes à feu dont on va parler à des enfants. Poupouloum. Voilà ! Quel problème ?

Le premier paragraphe introductif ensuite : "Houlalala les enfants, on parle beaucoup trop de la guerre qui va arriver, c'est pourquoi on va changer de sujet et vous distraire avec des armes à feu allemandes et françaises et des dégâts qu'elles font dans un soldat allemand ou un soldat français"

La suite est un exposé ennuyeuuuux mais ennuyeuuux à l'extrême, aussi pouvez-vous le lire en diagonale.

Blablablabla...
Source : gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France


Retenez ceci toutefois : la balle S. (allemande) à 400 mètres de distance pourrait traverser le corps de 5 à 6 hommes et donc, si j'extrapole, au moins 10 à 12 enfants... Mais pourquoi tu pleures toi mon biquet ? C'est rien, je t'explique juste ! Roooh mais quelle mauviette ! C'est pas avec cette génération de pleurnichards qu'on va gagner une guerre.


Et la semaine prochaine : le comparatif des baïonnettes, une étude sur cochons vivants
Source : gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

Un truc marrant c'est la tendance à "pirouetter" des deux balles, allemande et française. Ah si, c'est rigolo, quand même : pirouette, cacahuète, balle dans la tête, tout ça !

Si, à 500 mètres, la balle allemande peut traverser 5 à 6 hommes, la balle française, elle, ne traverse que 5 cadavres. L'information à retenir les enfants, c'est que cette expérience de balistique a été effectuée sur des cadavres en putréfaction.
Et retenez également l'expression du jour, "effets vulnérants", c'est à dire, je cite Wikipédia à propos des Pouvoirs vulnérants :
"la quantité de dommages qu'une munition d'arme à feu (balle) occasionne dans des tissus vivants. Une balle de gros diamètre s'enfonçant profondément dans sa cible en expansant autant que possible détruira un plus grand volume de tissu"

Vous la voyez la balle rentrant dans la chaire par un gros trou et s'enfonçant pour tout détruire à l'intérieur en ne laissant qu'une grosse bouillie d'organes ? Pas trop ? C'est bien le problème du politiquement correct et du jargon scientifique, ça manque de poésie.


Je ne sais pas quel est exactement l'effet voulu dans ce texte. Toutefois, je n'ose croire que cela puisse être autre chose qu'une volonté d'empêcher la guerre entre les peuples en Europe.
J'imagine que Daniel Bellet, pacifiste convaincu comme le laisse à penser le premier paragraphe, comptait dégoûter à jamais les enfants de jouer à  "PIOUUUU PIOUUU RATATATATATATARAT t'es mort !" : à la fois en leur montrant que la guerre c'est dégueulasse et aussi en la rendant extrêêêêêmement ennuyeuse !

Ça n'a pas marché... Mais en même temps c'est de la faute des Schleus qui sont quand même forts belliqueux comme peuple, je trouve.

Je vous remercie de votre attention.

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